Friday, September 22, 2017

La vision de "Toute la mémoire du monde" selon Alain Resnais

La vision de Toute la mémoire du monde selon Alain Resnais


Ce court-métrage réalisé en 1956 par Alain Resnais est une commande du ministère des Affaires étrangères  afin de promouvoir dans le monde la culture française, incarnée par la BNF.

Dans son film, Alain Resnais pose une question essentielle, celle de la mémoire et  sa conservation. George Sand disait que « l'oubli est le vrai linceul des morts ».
L’être humain, au même titre que les autres espèces vivantes, est soumis aux affres du temps. Confronté à sa propre déchéance physique, son existence se prolonge dans les traces qu’il a laissées (testaments, livres, lois, archives…). Cet ensemble de traces forme la mémoire du passé, permettant de mieux appréhender notre présent. La sauvegarde de cette mémoire induit à conserver tous ces témoignages. Néanmoins, au fil des siècles, les témoignages s’ajoutent et se stratifient. S’impose ainsi la nécessité d’organiser tous ces documents afin que tous puissent y accéder.
C’est pourquoi le documentaire nous plonge dans l’organisation complexe de la BNF. On suit le parcours tortueux du document. Débutant par son enregistrement auprès du bureau du Dépôt légal, il est ensuite référencé avec l’aide d’un code pour être installé sur son étagère. Dans une plus grande mesure, la composition du travail de la BNF est titanesque sachant qu’elle accueille 200 kg de journaux par jour (en 1956), regroupe près de 5 millions d’estampes et 6 millions d’ouvrages.
La rigueur de la démarche permet de parer à la submersion de documents et d’assurer à chacun une existence mémorielle.
La conservation des témoignages est un autre point sur lequel Resnais insiste. Partant du postulat où la conservation de la mémoire suppose un socle matériel ou numérique (sinon elle s’estompe avec les générations), les artisans de cette préservation (bibliothécaires, archivistes…) doivent assurer la plus « longue vie » à ce socle. Ce « rallongement de la vie » s’effectue grâce à la restauration du papier, à l’élimination des insectes, à la numérisation, au maintien de conditions atmosphériques idéales…


Le documentaire transforme la bibliothèque, et plus généralement les archives ou les universités, en gardiens de « toute la mémoire du monde ». Sur le même exemple que la bibliothèque d’Alexandrie dans l’Antiquité, ces institutions sont les garantes de la connaissance universelle par la masse de documents de diverses origines. Ce savoir n’est pas égoïste. Resnais montre qu’il est aussi « la mémoire de tout le monde ». Cette mémoire concerne tant les individus que les Etats ou les institutions, elle doit donc être accessible à tous. Pour cela la catégorisation et l’organisation des documents sont nécessaires pour assurer une équité dans leur accessibilité. 

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