Cet article traite de la prostitution à Shangaï aux XIXe-XXe
siècles. Il s’inscrit dans le courant de l’histoire des genres et a été publié
dans la revue Clio. L’auteur s’interroge sur la façon dont est vécue la
prostitution en Chine et notamment sa prise de conscience par la société. Il
souhaite voir s’il y a le même phénomène qu’en Europe à la même époque.
Pour cela, l’auteur va s’appuyer sur deux sources principales :
les écrits des élites lettrées (qui représentent à l’époque l’opinion car ce
sont leurs discours qui déteignent sur la vision de la société), et sur la
presse qui apparaît à cette époque (ensemble fragmentaire).
Les élites lettrées évoquent les courtisanes (haute prostitution
car ce sont elles qu’ils fréquentent. Elles sont bien vues, évoquées avec des
métaphores et sans parler de leurs souffrances ou presque. C’est une tradition
de brosser les portraits de courtisanes célèbres. On a une image biaisée et
enjolivée. Les catégories inférieures de la prostitution sont méprisées et mal
vues comme étant la prostitution du peuple (mépris du peuple).
Dans la presse, la prostitution n’est pas le centre d’un véritable
débat. Elle est évoquée dans des articles de faits divers et dans les missives
des lecteurs (qui se révèlent souvent être des lettrés). On y évoque les
moyens d’éliminer la prostitution. Toutefois, ces moyens sont peu applicables
en vrai car la prostitution est mal comprise.
Elle est rapidement perçue comme un problème (vols, appât du gain,
perversion d’autres femmes ; maladies vénériennes…) opposé au mariage, à la
famille, à la stabilité sociale. Il y a un risque de ruine physique, morale et
financière de l’individu. Cela est notamment lié au racolage sur la voie
publique des liuji (prostituées « mobiles ») vues comme un désordre
moral et social. Cette vision très négative s’explique par un accroissement de
la prostitution à la fin du XIXe siècle (notamment dans les Concessions) qui
engendre de nouveaux problèmes et un envahissement de ce qui était considéré
comme l’espace publique par les prostituées. Les courtisanes ne sont plus les
seules visibles et souffrent de cette prostitution.
Il existe aussi quelques portraits nuançant le tout (ancienne
prostituée remboursant un marchand, prostitué faisant passer ses sentiments
après l’intérêt d’un fonctionnaire en le poussant à partir…). On voit aussi un
début de prise de conscience du phénomène (les prostituées souffrent, elles
sont à plaindre).
Au final, l’image des prostituées dont les courtisanes ne fait que
se dégrader durant le XXe siècle. On a un renversement de la vision des choses,
le beau monde rêvé des courtisanes cédant place au monde malsain et violent d’une
prostitution en plein développement.
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