L'article Shimaguni, modernisation
et territorialisation par
Philippe Pelletier est paru en 2010 dans la revue n° 44 d' EBISU.
Philippe Pelletier nous avance une problématique des plus
intéressantes avec la construction d'un État-nation moderne après
la restauration de Meiji en 1868 en opposition au style de pensée
occidentale de l'époque. Le Japon, après son ouverture vers
l'occident, a dû faire face à de nombreuses menaces en tant que
shimaguni (pays
insulaire). Le Japon qui pendant le période Tokugawa s'était
refermé sur lui-même pour se protéger des menaces occidentales
doit désormais communiquer avec les grandes puissances voisines et
également négocier une ouverture commerciale sans être pour autant
assujetti par une de ces puissances.
Pelletier
nous expose une double opposition Ouest-Est ; ce qui est valable
pour la modernisation des pays en Occident ne l'est pas forcément en
Asie du sud-est, et plus précisément, au Japon. En effet, même si
dans les deux cas la modernisation d'un pays s'accompagne du
spatialisation, autrement dit, une territorialisation, la
modernisation de l’État insulaire s'agit plus d'un processus
temporel que spatiale ; tout comme sa territorialisation qui se rapporte à un processus géo-historique. En
effet, celle-ci contrairement aux territorialisations occidentales
semble naturelle, évidente et tout à fait logique. Le Japon qui
avait basé sa politique de modernisation principalement autour de sa
territorialisation étatique s'ouvre à une politique de
colonisation. Néanmoins, cette colonisation, en opposition avec les
grandes puissances occidentales de l'époque (ex : Royaume-Uni,
Etats-Unis,etc..), se concentre sur le pourtour de son archipel.
Cette
colonisation engendre une problématique autour de l'identité
nationale japonaise, qui de par sa nature insulaire, repose sur la
parenté et la culture. Ainsi, cet État-nation qui souhaite
préserver le pays de toute empreinte étrangère, hésite à
intégrer ses colonies comme partie intégrante du pays.
Le
Japon se veut au même niveau que les puissances occidentales mais ne
veut point pour autant adopter leur style de pensée. Ainsi, les
japonais adoptent leurs techniques, les institutions
juridiques et ouvrent leurs ports maritimes pour faciliter les
échanges commerciaux. Cette ouverture , qui outre, offre des
opportunités économiques s'accompagne par une vague rapide
d'immigration et par conséquent de xénophobie. Pour conclure, le
Japon est tiraillé entre son identité déterministe: territoire insulaire, identité insulaire, et ses aspirations westphaliennes. Tout comme Pelletier nous l'explique en début d'article, le processus de modernisation de l'Etat-nation japonais est unique et ne se rapporte à aucun autre pays. Le Japon malgré la politique des Tokugawa, ainsi que les traités inégaux de 1945 reste l'un des seuls pays asiatiques a avoir pu rentrer en compétition à niveau égal avec les puissances occidentales.
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