Monday, October 16, 2017

Compte rendu de lecture, "Prostitution et Vox literati à Shangaï avant la Première Guerre mondiale"


    Cet article publié dans la revue française spécialisée dans la recherche en histoire des femmes et du genre Clio. Femmes, Genre, Histoire traite du phénomène de la prostitution à Shanghai avant la Première Guerre mondiale. L'auteur se pose la question de savoir si la Chine a elle aussi connu un phénomène parallèle à l'occident (où au XIXe on voit une véritable apogée de mesures médico-policières et de discours liés à la prostitution), en prenant plus spécifiquement en compte le cas de Shanghai et se basant sur les écrits des élites. L'auteur observe une évolution dans la manière dont sont perçues les prostituées et les courtisanes, mais différente de celle intervenue en occident.
    Auparavant on remarque une absence de condamnation véritable de la prostitution et de prise de conscience de ses effets, même si il faut souligner qu'on manque de locuteurs sur ce sujet. Un discours "positif" domine auprès des élites. En effet ils s'intéressent plus aux courtisanes, et non aux prostituées. Les courtisanes sont décrites avec des périphrases ou métaphores littéraires, et on ne fait que rarement allusion à leur condition. Il n'y a pas de réflexion sur leur destin et la vie qu'elles mènent. Cela ne rend compte ni de la réalité, ni de la perception réelle du phénomène. De l'autre côté les prostituées populaires sont profondément méprisées et très peu mentionnées.
    L'émergence de la presse d'information a permis à des opinions plus variées ce s'exprimer. Pourtant la prostitution n'est pas comme en occident au centre des discours, et le phénomène est principalement discuté lorsqu'il est au centre de l'actualité et que des mesures politiques sont prises. Il n'y a pas de véritable débat et on remarque une méconnaissance profonde du milieu de la prostitution. A travers ces journaux de nouvelles voix s'élèvent, notamment des propositions afin de remédier au problème. Ces dernières permettent à la fois de mieux rendre compte de l'évolution du phénomène, qui s'étend, et l'évolution de la pensée des élites. On lie la prostitution avec d'autres fléaux: opium, maladies vénériennes, jeu. Les courtisanes ont de plus en plus l'image de personnes avides d'argent et perdent leur prestige. Cela est lié aux concessions où elles exercent de plus en plus. Mais en parallèle on remarque une progressive prise de conscience de la condition des femmes prostituées.
    On remarque donc vraiment une différence faite entre prostituées ordinaires pour lesquelles on a un profond dégoût, et les courtisanes, qui avaient une image positive mais non réaliste. On associait avant le phénomène dans son entièreté à sa strate supérieure, en oubliant volontairement les classes sociales les plus basses. L'image de toutes les prostituées s'est dégradée durant l'époque étudiée, et c'est à la fois le résultat d'un changement de sensibilité des élites, mais aussi une transformation de ces élites elles-mêmes. L'argument central est que les élites s'inquiètent plus du trouble causé à l'ordre social comparé à l'occident. Ce ne sont pas des considérations religieuses ou morales qui les concernent, mais l'amplitude du phénomène qui dérange les élites.


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